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Libération

Sex is politics

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publié le 29 mars 2006 à 20h45

Difficile, sur un tel sujet, d'être tout à fait sérieux ou tout à fait frivole : y a-t-il un sens à parler aujourd'hui d'une émergence des minorités dites visibles dans la représentation qu'en donne le cinéma porno ? Manifestement oui, si l'on s'en tient à un simple recensement sur les dernières saisons, qui ont vu fleurir les films de cul thématisés autour de ce concept, même si les références «beurettes» ou «black-blanc-beur» ont intégré les subcultures du X depuis une bonne quinzaine d'années. Selon le pointage établi par le spécialiste Hot Vidéo, deux des dix meilleures locations 2005 en France sont Farida et les meufs de ma cité (de Fabien Lafait, quatrième place) et Rachida et ses soeurs (de Patrice Cabanel, neuvième). Réciproquement, le porno gay français carbure lui aussi à cette sorte de réalisme fantasmatique façon «blédards, racaille et zincous» qu'incarne Citebeur, label triomphant du cinéaste-producteur Stéphane Chibikh et de sa série Wesh Cousin (déjà sept volumes).

Ces films métissés et de toutes obédiences sexuelles n'en sont pas moins clairement positionnés sur une forme d'affirmation identitaire, dont ils font précisément argument et réclame. Sont-ils pour autant les messagers limpides d'autre chose ? Si la question mérite d'être retournée, c'est d'abord en vertu d'un théorème presque garanti : dans la cornue où mijote cet étrange échantillon d'humanité qu'est le porno, se combinent dans l'ombre les prémices de comportements nouveaux. Par ses modes de fabric