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Libération
Critique

Transe sibérienne pour l'équipe du film

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Dans l'Est russe, tournage éprouvant et exaltant.
publié le 29 mars 2006 à 20h45

Ces ombres blanches de neige, enchaînées, épuisées, affamées, que va croiser le cosaque Dimitri Pechkov pendant son périple de 9 000 kilomètres à travers la Russie, rappellent que la Sibérie fut longtemps une terre de travaux forcés. Joël Farges, le réalisateur de Serko, n'a pas eu besoin, pour cette scène, de chercher loin des figurants. Dans la ville voisine d'Irkoutsk, il a recruté deux cents bagnards qui ont accepté de jouer dans le film durant une semaine avec l'aval du pénitencier : «Avec eux, on a pu tourner par - 35 °C et sans la moindre présence policière. On s'est juste abstenu de mélanger jeunes et vieux prisonniers, ce qui aurait provoqué des bagarres. Tous les problèmes se sont arrangés dès qu'on leur a donné des responsabilités. Peu de soucis hormis les inévitables crises d'épilepsie dues au manque d'alcool.» Des bagnards ici, des éleveurs de rennes ou des cosaques là, sans oublier les petits peuples de la taïga : Serko permet de découvrir ce que fut le Far West russe ­ et ce qu'il est encore ­, particulièrement la Bouriatie, invraisemblable République autonome de la fédération de Russie.

Autres siècles. A Oulan-Oudé, la capitale, une gigantesque tête de Lénine accapare toujours la place principale et l'on joue encore chaque soir des opéras à la soviétique : beaucoup de monde sur scène, peu dans la salle. Mais les pagodes bouddhistes poussent à la périphérie. La ville mériterait l'intérêt du cinéma. Mais il n'y a plus de studios. «On ne fait plus de cinéma en Si