D'abord sur scène, dans le cadre de one man shows qui le lancèrent voici plus de dix ans, puis devant et derrière la caméra (Bernie, le Créateur, le Convoyeur), Albert Dupontel s'est souvent attaché à camper des personnages borderline, voire carrément dérangeants, à la lisière de l'anticonformisme et de la démence prouvant accessoirement que les plus atteints ne sont pas toujours ceux qu'on croit.
Le Roland d'Enfermés dehors entre de plain-pied dans cette catégorie braque. SDF hébété, à la rue dans tous les sens du terme, il change de statut le jour où il revêt un uniforme de flic qui le transforme, de facto, en défenseur de la veuve et de l'orphelin aussi bourrin que sentimental. De ce postulat, assez court, Dupontel tire une fable sociale grinçante qui, en ces temps agités, veut faire sens. Le propos prend en effet un caractère séditieux, alimenté par une galerie de personnages si gentiment caricaturaux qu'ils excluent toute forme éventuelle d'équivoque et de subtilité. D'un côté, il y a les nantis du libéralisme, gavés de mépris et de corruption (le choeur : «booouuuuh !»); de l'autre, la plèbe, univers de tags, de squats et de terrains vagues où, telle une colonie de morts vivants, gravitent les gueux, crapules pittoresques chez qui on sent battre le coeur sous les hardes. Occasion pour le cinéaste d'éreinter veine absurde trash quelques grands fléaux actuels, au premier rang desquels se propagent le racisme et le fantasme sécuritaire. Et là, Dupontel n'y va pas d