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Critique

Pied de nez à Diderot

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«Jacques le Fataliste» par João Botelho.
publié le 5 avril 2006 à 20h50

Annoncer, comme la critique française le fait avec une régularité qui frise l'obsession, le déclin esthétique d'autres cinématographies est un jeu dangereux. D'une part, on est toujours trompé un jour ou l'autre par un regain inespéré (et c'est tant mieux). D'autre part, ce n'est jamais qu'une façon détournée de ne pas faire le ménage devant sa propre porte. Et la situation esthétique du cinéma français aujourd'hui est sans doute, on ne devrait pas cesser d'y revenir, celle qui donne à la critique les plus grands signes de désespoir.

Sommes-nous libres ? Donc, après avoir été le phare de toutes les années 90, le cinéma portugais passait ici pour ensablé. Pourtant, sous quelques semaines, nous arrivent Miroir magique, le tout nouveau Manoel de Oliveira, le 12 avril sort à Paris la Gueule que tu mérites, un premier film en totale liberté, et il se murmure même que Pedro Costa (Ossos, la Chambre de Vanda) aurait enfin terminé son nouveau long métrage (présent à Cannes ?). Avant-signe de ce come-back portugais léger, João Botelho (Aqui na Terra, Trois Palmiers), nous revient lui aussi en bien meilleure forme avec cette transposition moderne de Jacques le fataliste de Diderot.

Ce n'est plus à cheval, mais dans une vingt chevaux rouge à pneus lisses que Jacques et son maître battent la campagne tout en menant une conversation philosophique gourmande à un seul motif : la répétition de souvenirs concernant l'amour des femmes et la relation au Destin que leurs rencontres mobilisent. C'