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Libération
Critique

«Frères d'exil» et de sang.

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D'une parfaite âpreté, le destin d'un Kurde et d'un Turc, tous deux très jeunes immigrés largués en Allemagne.
publié le 12 avril 2006 à 20h54

C'est un film sur lequel la mort plane. Et ceci dès le premier plan où la caméra cadre de près une famille qui se lamente devant la dépouille d'un fils. Qui est ce gisant, qui sont ceux qui le pleurent ? Nous apprendrons plus tard que cette famille est turque, vit en Allemagne ; que les parents sont de braves commerçants mais que les fils, le mort et son frère, sont des trafiquants redoutables doublés de brutes... Off, une voix d'enfant philosophe et commente ces images. Elle parle du destin. Nous découvrirons que cette voix est celle d'Ibrahim dit Ibo, un petit Kurde qui joue le rôle du choeur dans la tragédie grecque...

Foyer de migrants. Le film commence en fait ailleurs, au fin fond de la Turquie, ou plutôt en pays kurde. La famille Harreman, qui vit difficilement de l'élevage, reçoit une lettre de son fils aîné. Emigré en Allemagne, il envoie de l'argent aux siens et demande à son père de laisser partir Azad, le deuxième fils, celui qui garde les moutons. Azad sera le principal protagoniste de Frères d'exil.

Il part donc en Allemagne, où il est hébergé dans un foyer de jeunes migrants. Il y croise Ibrahim, bien plus petit que lui, et qui a l'air tellement plus vieux que son âge. La tristesse de ce gosse l'intrigue. Il le prend en amitié. Azad se doute qu'Ibo a vécu un grand malheur et, comme il est kurde, il soupçonne le genre de désastre qu'un si jeune enfant a dû endurer.

Azad se trouve un petit boulot : il devient barbier pour ses compatriotes au fin fond d'une gargote