Quadrature du cercle du cinéma français. Prenons Christophe Gans, saisi au vol sur les ondes numériques, hier après-midi (1), à propos de la sortie de son Silent Hill, adapté du jeu vidéo. Question du journaliste : «Hollywood vous réclame et vous confie des superproductions. A ce train-là, vous ne voudrez plus, vous ne pourrez plus tourner de films en France.» Réponse : «En l'occurrence, ce n'est pas Hollywood qui m'a réclamé mais moi qui ai eu besoin de boucler un gros budget et je n'ai trouvé que Sony Pictures. Si je ne peux plus tourner en France, c'est parce que les financements importants sont réservés à des films conçus pour passer à la télé en première partie de soirée : ce n'est pas mon cinéma et mon cinéma, je ne peux pas le faire en France.»
Prenez n'importe quel professionnel un peu sincère, quels que soient sa fonction ou son niveau (étage de maître, pignon sur rue ou chambre de bonne) dans la grande maison brinquebalante du cinéma français et il fera le même diagnostic : malgré les rhétoriques officielles, ce ne sont pas les avenirs croisés de la télé et du cinéma qui sont liés pour des noces financières de raison, c'est le présent du cinéma qui est pieds et poings liés avec la télé.
Longtemps, l'ingénieux mécanisme de financement circulaire qui caractérise le modèle économique du cinéma français n'a pas eu besoin de faire la démonstration de sa vertu : les chiffres de la production nationale valaient pour preuve. Si une cinématographie aussi modeste et finalement