Stestí (c'est le titre original, qui signifie en tchèque «bonheur» ou «chance») est un film qui fait pleurer les enfants. Pas ceux qui sont dans la salle, mais ceux qui jouent dedans. C'est assez rare au cinéma pour qu'on le remarque : à force de ne maltraiter ni les animaux ni les marmots, on n'avait plus que des fantômes de famille à l'écran. La recette est pourtant simple. Vous prenez deux petits (quatre ou cinq ans), vous leur dites de s'amuser comme ils veulent, de renverser du sirop par terre puis, soudain, vous leur faites gueuler dessus par une blonde, qui se prétend leur mère mais qui a l'air un peu excité, pourquoi ont-ils renversé du sirop comme ça ? Ça ne rate pas, les mioches déboussolés se mettent à brailler en bavant, le résultat est d'un réalisme formidable (n'oubliez pas de couper au montage le moment où vous les invitez à saloper le parquet). Ajoutez un unique tee-shirt Sepultura porté par le héros durant une heure quarante et vous obtenez presque de vrais gens, prêts à stagner entre une HLM glauque de banlieue, deux carcasses de voitures où nichent des poules et trois réacteurs nucléaires.
Folle. Si les enfants pleurent, c'est qu'ils ont une mère folle. Heureusement, Monika, une voisine sacrificielle (Tatiana Vilhelmová, trois fois nominée au lion tchèque de la meilleure actrice) s'en occupe. Elle en oublie au passage de rejoindre son fiancé parti aux Etats-Unis et pendant que Dasha, la mère indigne (Anna Geislerová, deux fois lion tchèque de la meilleure a