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Libération
Critique

«Etoile violette» et la clé des chants

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Tant beau qu'étrange, le premier film d'Axelle Ropert.
publié le 19 avril 2006 à 20h58

Epousant un paradoxe raffiné, la collection Décadrage sort conjointement deux moyens métrages (trois quarts d'heure chacun) qui ont la solitude pour centre. Toutefois, le naturalisme d'Arnaud Simon n'entretient un voisinage qu'extrêmement lointain avec l'art de la flânerie d'Axelle Ropert. Cette différence ne venant en aucun cas à l'encontre de la collection ; Décadrage a les idées larges, son cadre, c'est l'indépendance à tout prix.

«Camion» avec freins. Que ce soit aux festivals de Belfort, Pantin ou Vila Do Conde, Un camion en réparation, première réalisation d'Arnaud Simon (jusque-là acteur de théâtre) rafle des prix partout où il passe. Il faudra qu'on nous explique pourquoi. Eugène est le genre de garçon de 20 ans à qui les vieilles dames continuent de dire mademoiselle, moins pour son allure (neutre) que pour ses anémies de petite adolescente affolée broyant du noir. Pierre a une dizaine d'années de plus que lui, et la jeunesse d'Eugène, le long bras d'Eugène, la voix d'Eugène, le séduisent avant qu'il ne se rétracte : quand on vit une trentaine retirée, officiant comme jardinier sirkien à demeure six mois de l'année, comment faire entrer une histoire dans sa vie ? Face à l'amant buté qui ne veut pas de l'amour, Eugène ira jusqu'à envier la carcasse froissée d'un camion en réparation, «dont, au moins, on s'occupe».

Ascendance naturaliste, soin apporté à un scénario très écrit, mise en scène toute à l'écoute de ses comédiens... Les qualités que l'on reconnaît au film so