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Libération

La Spielberg Academy

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publié le 19 avril 2006 à 20h58

Sur l'agenda de Steven Spielberg, dont la vue porte au-delà de 2010, s'alignent actuellement treize chantiers de productions diverses : des séries télé (Nine Lives...), des documents (Ukrainian Holocaust Project...), des films qu'il fait tourner par d'autres (Jurassic Park IV...) ainsi que deux mises en scène personnelles (Indiana Jones 4 et un biopic sur Abraham Lincoln).

Voilà longtemps déjà que l'hyperactivité du vieux wonder boy décourage les superlatifs. Chez lui, le temps ne passe pas comme un sablier qui s'essouffle et maigrit, mais fonctionne comme la turbine d'un accumulateur d'énergie. C'est sa forme d'obésité à lui, son insatiabilité toute américaine. Plus il tourne, plus Spielberg acquiert de la vitesse, jusqu'à devenir cette espèce de toupie calorifuge et perpétuelle, qui émane, rayonne et fait tourner autour d'elle tout un morceau du système hollywoodien : télé, dessins animés, films, archives, productions, conceptions... Imaginer la marque que Spielberg laissera, dans un futur qu'on lui souhaite lointain, sur le cinéma mondial et sur son industrie, fout dès aujourd'hui la trouille. Celle qu'il a d'ores et déjà imprimée au paysage contemporain n'a pas d'équivalent dans l'histoire du cinéma : la très longue durée de Spielberg, sa puissance financière, son indépendance cardinale, son crédit de cinéphile, sa popularité mondiale, et, tout de même, ses quelques réussites de cinéaste, forment un faisceau unique de paramètres favorables à son règne symbolique incontest