Il y a une hypothèse Blow up dans le premier long métrage de Brice Cauvin (ex-assistant de Pialat, Harel et Garcia). Comme on peut tuer ou jouer au tennis sans balle, on peut aller à Venise sans Venise, se faire son propre film est aisé. Et puis il y a une ascendance romanesque, comme si un livre de chez Minuit ou POL (de ces textes troués, élégants par incrédulité) avait changé de support. C'est relativement normal, puisque, au nombre des script doctors avoués de De particulier à particulier, on trouve Jérôme Beaujour (scénariste de Benoît Jacquot) et Pierre Schoeller, complice de Jean-Pierre Limosin (Novo). Beaujour est aussi l'auteur récent de Dans le décor, roman qui a pour but de «décoller la nappe à carreaux du pique-nique».
Diagnostic. C'est un peu le même travail auquel s'emploie De particulier à particulier, en «mettant» le doute dans un couple, en désynchronisant l'air et la chanson, le geste et la trace. Marion (Hélène Fillières) est une actrice de doublage, Philippe, son mari (Laurent Lucas, dans un rôle de gentil), un architecte. L'un et l'autre peinent à habiter, à coïncider. Ils ont deux enfants. Le ton est celui de la comédie, et le sujet, la peur. «Tout le monde a peur dans ce putain de pays», dit un autre film politique actuel, Oublier Cheyenne. Des philosophes comme Rancière (1) essaient de faire entendre le même diagnostic : le sentiment d'insécurité n'est pas une crispation transitoire, mais «un mode de gestion des Etats et de la planète propre à reprodui