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Libération
Critique

Ni «V» ni à faire

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Un ovni rétro-futuriste initié par les frères Wachowski.
publié le 19 avril 2006 à 20h58

V for Vendetta s'inscrit dans cette microtendance du « blockbuster intelligent » qui commence à faire quelques ravages. The Island, Batman Begins, la tri-logie Matrix, la Guerre des mondes... : il ne s'agit plus uniquement de faire tout péter, mais aussi de donner à réfléchir. Conscient que le traditionnel manichéisme ne suffit plus pour penser la complexité du monde contemporain, les enfants des studios s'investissent d'une nouvelle mission. Problème : si les majors s'y entendent dans le domaine du grand spectacle destructeur, la partie analytique témoigne avant tout de la confusion mentale de l'heure.

Atypique. Adapté d'un comic book du scénariste à l'imagination fertile Alan Moore (From Hell, The Watchmen, la Ligue des gentlemen extraordinai-res...) par les frères Wachowski, ici crédités à la production et au scénario, V for Vendetta met en scène, dans un Londres rétro-futuriste, le combat d'un terroriste masqué et chapeauté, V, contre un état totalitaire digne de George Orwell. Le héros du film pose des bombes (dans le métro notamment) à la façon d'une cellule d'Al-Qaeda, s'exprime dans un anglais shakespearien et fait très bien les oeufs au plat. Le film suggère que sa lutte contre l'oppression, qui n'est qu'une vulgaire vengeance, pourrait basculer dans une autre forme de dictature. Cette volonté de brouiller les pistes, d'affirmer que les bons sont aussi méchants (et vice-versa), est fort louable, mais, au bout de 2 h 10 de bavardages pompeux et de cheveux coupés en qu