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Libération
Critique

Gans fait ses games

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Avec «Silent Hill», adaptation du jeu vidéo, le Français signe son meilleur film.
publié le 26 avril 2006 à 21h02

Lundi matin, la newsletter quotidienne de Variety.com, version électronique du fameux magazine professionnel américain, proclamait à la une dans son sabir lapidaire : «Silent makes BO noise.» Pour le monde du business hollywoodien auquel s'adresse essentiellement ce média, c'est une information importante, qui se traduit par «Silent (Hill) fait du boucan au box-office.» Info importante et intéressante mais neutre : comme le confirme le commentaire qui suit, le succès du film de Christophe Gans aux Etats-Unis n'est ici apprécié qu'en termes quantitatifs, dont le seul paramètre est le dollar et ses diverses péréquations : nombre d'écrans, ratio de fréquentation et pourcentages de marché. D'ailleurs, le nom du réalisateur n'est pas cité une seule fois dans l'article, ce qui est bien naturel au pays d'Hollywood où même les plus grands journaux ne présentent souvent les films que sous la signature de leur studio.

Nous pensons étourdiment, ici, que Silent Hill est l'adaptation par un cinéaste français d'un jeu vidéo japonais tourné au Canada, en langue anglaise et avec des capitaux pour partie américains. Mais pour Variety, c'est d'abord «Sony Tristar's videogame adaptation», soit l'adaptation par Sony-TriStar du jeu vidéo. Ce décalage n'a rien de scandaleux et il faudrait être candide pour s'en révolter, mais il illustre avec un éclat ironique particulier cette sorte d'écart éternel entre deux pays, deux visions, deux états mentaux. Il suggère l'idée que les cinémas français et am