Le nouveau film de Francis Girod est à la fois le dernier produit par Humbert Balsan et le premier véritablement joué par Antoine de Caunes. A ce double titre, il retient l'attention. Quand le producteur s'est suicidé, il y a un peu plus d'un an, deux de ses films entraient en tournage : un opus de Bela Tarr qui n'est toujours pas achevé à ce jour, et cet Ami parfait de Girod (d'après le roman de Martin Suter), qui en était exactement au quatrième jour de plateau lorsque Balsan s'est pendu. Le film débute, lui aussi, par un suicide. L'équipe, bouleversée par cet événement, semble s'être soudée face à l'adversité, ce que tout spectateur peut ressentir face à cet Ami parfait, qui joue très «collectif», comme l'on dit du fond de jeu d'une bonne équipe de foot. Un «film à la nantaise», où chacun apporte son écot au travail commun. Francis Girod met en abîme cette solidarité lors d'un épisode du film, passage du héros sur un tournage où travaille son ex-femme script-girl (Carole Bouquet).
Ce héros est incarné avec pas mal d'allure par Antoine de Caunes, qui porte le film sur ses épaules. On assiste à la révélation d'un acteur qui, sur la vingtaine de rôles d'une carrière en dents de scie, n'en a pas eu beaucoup jusqu'alors pour affirmer son talent. Son personnage, Julien Rossi, journaliste d'investigation dans un quotidien suisse, lui permet cette montée en puissance car il est complexe jusqu'à la schize. Le film raconte en effet l'histoire d'un brave type qui, se réveillant un jo