Menu
Libération

Un caméléon brésilien

Article réservé aux abonnés
Lázaro Ramos s'est imposé dans un milieu majoritairement blanc.
publié le 26 avril 2006 à 21h02

En jean et baskets, Lázaro Ramos s'avance dans un sourire, s'étonnant presque qu'on s'intéresse à lui. A 27 ans, il est pourtant tenu pour l'un des meilleurs acteurs de sa génération par l'exigeante critique du Brésil. A son actif, quatorze films, sans parler de sa carrière sur la Globo, première télévision brésilienne en termes d'audience et levier essentiel pour un acteur.

Il y a quelques années, un tel palmarès aurait été impensable pour un Noir. Si le Brésil a la plus grande population noire et métisse du monde après le Nigeria, les afrodescendentes, 47 % des Brésiliens, ont toujours été sous-représentés à l'écran. Quand les acteurs blancs ne se barbouillaient pas le visage pour jouer des personnages de couleur. Avec la Cité de Dieu (2002), les choses ont commencé à changer. Le succès du film de Fernando Meirelles, interprété par des afro-brésiliens «pour mieux refléter le quotidien violent des favelas, où le narcotrafic happe une jeunesse majoritairement noire», a démenti l'idée selon laquelle Noirs et métisses ne faisaient pas recette. La Globo a produit une série inspirée du film, qui reprenait une partie de sa distribution. Et, pour la première fois, la chaîne a confié à une actrice de couleur, Taís Araújo le rôle principal dans une novela.

Attablé au bar d'un hôtel de São Paulo, Ramos admet des progrès : les acteurs afro-brésiliens commencent, montée d'une classe moyenne noire oblige, à tenir d'autres rôles que ceux de délinquants ou de subalternes. «Mais je suis enco