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Libération
Critique

«Veer-Zaara», strass et trash

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Autour d'une love story contrariée, un film bollywoodien qui subvertit le genre par l'humour.
publié le 26 avril 2006 à 21h02

Trois heures six, c'est une bonne durée pour un opéra et, plus on y pense, plus on trouve à ce film des airs d'Indes galantes, quelque chose de tragi-comique, improbable et critique à la fois, une espèce de mélancolie rococo avec des plumes autour et du strass sfumato. Veer-Zaara (c'est-à-dire Veer et Zaara), multiprisé en 2005 aux oscars indiens, se présente rose et à paillettes, en produit kitsch d'appel d'une «semaine Bollywood» au Grand Rex parisien qui perlera de mai à août en province, sur fond de sorties DVD (1). On s'attend donc plutôt à ricaner.

Vilain enturbanné. Ce qu'on fait pendant quelques minutes, tangué par des travellings pneumatiques balayant fleurs et moulinets de bras, avant que le film ricane soudain avec nous, plongeant dans une sombre prison où croupit, désenchanté au dernier carat, un mystérieux prisonnier. Zaara (flash-back), jeune musulmane libérée, est venue du Pakistan en Inde pour disperser les cendres de sa grand-mère. L'inimitié entre les deux pays sert de fond politique. Hélas, au cours du voyage, cette sotte tombe de son bus dans un ravin. Veer, pilote et secouriste indien, lui sauve la vie. Il l'aide ensuite, malgré les sikhs farouches, à épandre la morte dans le fleuve sacré et Zaara lui accorde, en remerciement, une journée de sa vie. Veer l'emmène dans son village natal, fondé par son oncle et sa tante. Au moment où il s'apprête à la demander en mariage, il apprend que Zaara est déjà promise à un vilain tout de noir enturbanné. A partir de