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Libération
Critique

Bienvenue en vrille

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«A Bittersweet Life», où tout se détraque: réjouissant.
publié le 10 mai 2006 à 21h11

Jusqu'à présent, c'est dans le cinéma fantastique que le Coréen Kim Jee-woon avait démontré l'étendue de ses capacités. Inaugurée en 1998, sa carrière internationale avait commencé à décoller en 2002 avec une des Trois Histoires de l'au-delà (co-prod asiatique), pour culminer l'année d'après avec Deux Soeurs, huis clos psychanalytique flippant où l'on discernait encore plus nettement l'ingéniosité de la mise en scène.

A cet égard, A Bittersweet Life (présenté un peu en catimini au festival de Cannes 2005) marque un tournant dans l'ascension de Kim Jee-woon, puisque le propos s'oriente vers le film noir, aussi bien envisagé sous l'angle de l'hommage que du pastiche par un réalisateur avide, disant du genre qu'il«permet d'obtenir la plus large palette d'expressions ­ comme par exemple le moment où l'homme se retrouve face à son destin».

Sunwoo, deux heures durant au coeur de l'action, est le gérant zélé d'un hôtel de luxe, qui n'a pas son pareil pour faire déguerpir les clients indésirables. Mais il est aussi l'affidé d'un caïd grisonnant qui demande à cet homme de main laconique de surveiller sa jeune maîtresse qu'il soupçonne d'entretenir une autre relation illégitime. De fait, Sunwoo découvre le pot aux roses et sa vie de «chien fidèle» bascule quand les états d'âme commencent à interférer avec sa fonction de justicier. Un moment de faiblesse, une lueur d'humanité et le traqueur devient traqué, à mesure que l'intrigue, elle, se détraque.

Pendant une heure, où on a le temps de