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Libération

Eclair, conflit crucial

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publié le 10 mai 2006 à 21h11

Le conflit social qui, la semaine dernière, a secoué les vénérables laboratoires Eclair n'a pas suscité un grand écho et c'est bien dommage. Derrière ce qui pourrait apparaître comme un bras de fer hélas banal entre des employés et leur direction, c'est en effet comme le prélude, ou la répétition, d'un drame crucial qui s'est joué. Eclair, laboratoires historiques du cinéma français et toujours les plus puissants à l'heure actuelle, était jusqu'à l'automne dernier l'un des meilleurs piliers de cette économie de la diversité culturelle que notre pays se flatte si souvent d'incarner. Dans le système audiovisuel hexagonal, la réputation et l'autonomie d'Eclair, longtemps société familiale, formaient un symbole solide : la démonstration que l'on pouvait être à la fois indépendant et rentable. En octobre de l'année dernière, nous nous en alarmions ici même, les laboratoires Eclair ont été l'objet d'un raid discret au terme duquel le fond d'investissements ETMF2 a raflé la majorité du groupe, suscitant les départs immédiats et fracassants des deux dirigeants qui le pilotaient jusqu'alors, Bertrand Dormoy et Olivier Chiavassa.

Le conflit qui s'est noué le 2 mai dernier a été déclenché par la publication des chiffres très inquiétants concernant les activités d'Eclair au premier trimestre 2006 : jusqu'à ­ 50 % de chiffre d'affaires sur certains secteurs clefs, tel le tirage de copies 35 mm (et ­ 27 % sur le 16 mm). Difficile dans ces conditions de ne pas craindre un plan social, dont