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Libération
Critique

Exilés très habités

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«Attente», parangon d'humour noir palestinien, et «Man push cart», film américain indépendant sur un Pakistanais.
publié le 10 mai 2006 à 21h11

L'un (Ramin Bahrani, Américain d'origine iranienne, 31 ans) dit s'être inspiré du mythe de Sisyphe pour écrire son scénario. Aussi montre-t-il un Pakistanais qui pousse (ou tire, plus exactement) son kiosque à café dans les rues de New York. L'autre (Rashid Masharawi, 44 ans, Palestinien) visite les camps de réfugiés, en Jordanie, en Syrie, au Liban, pour filmer l'attente. On ne s'étonne qu'à moitié que leurs deux films tournent en rond. C'est précisément le propos, et la raison pour laquelle on ne s'y ennuie pas, car on nous explique patiemment quelque chose : comment habiter l'exil.

Humour noir. L'un et l'autre sont des ouvrages modestes. Par la taille, l'argent et l'ambition, qui est d'approcher les vrais gens, plutôt que d'être une pub pour acteurs connus. Man Push Cart est peut-être le plus cinématographique des deux, tamisant son drame par le clair-obscur, la répétition, le cadrage. Attente est une comédie dont on ne sait d'abord si l'on doit en rire, car elle est jaune, et pose assez rapidement la question de savoir à partir de quelle dose le malheur est drôle. Rire, raille d'ailleurs Ahmad, le héros, est ressenti en Palestine comme «une trahison nationale».

Il est réalisateur et avec Bissan, une fameuse journaliste télé (du temps où il y avait encore une télé), il doit faire passer un casting dans les camps de réfugiés, pour le futur «Théâtre national palestinien» de Gaza, sorte de ruine géante en construction, aperçue au début du film et dont l'existence est plus que