Tokyo de notre correspondant
«De quel droit ai-je mérité ce prix ?» confiait ces jours-ci à Tokyo, Takeshi Kitano, pull marin, futal bouffant et pompes à la Chaplin, tout juste sorti du plateau d'une des émissions de télé qu'il produit tous les jours pour le petit écran. «Pourquoi moi plus que d'autres ? Pourquoi moi plus qu'un autre ? Je n'ai pas fini de me poser la question ni de la poser à ceux qui ont décidé de me le remettre», ajoutait-il, gêné et perplexe.
Prestige. L'heure des lauriers a sonné pour le réalisateur de Sonatine. Non pas au Japon où il est une star mais en Italie. Décalé horaire permanent, Kitano va s'envoler pour le pays de son idole, Fellini, où chacune de ses apparitions provoque les cris d'une foule d'admirateurs fanatiques comme en août 2003, quand il vint cueillir son lion d'argent à Venise. Kitano, promu depuis Zatôichi pape du western spaghetti sauce japonaise, ira à Florence recevoir dimanche le prestigieux prix de la Fondation Galileo (déjà remis à Shimon Peres, Carlos Fuentes ou Jack Lang) pour ses films et son souci de promouvoir l'amitié et les échanges culturels entre les peuples.
Ce prix est déjà commenté abondamment dans la presse italienne, la cote du cinéaste étant au sommet. Premier défi pendant ce voyage, ne pas lâcher sur son régime face aux pizzas, risottos et autres penne qui l'attendent à son arrivé : «Mon objectif, cinq kilos en moins pour garder toute ma tête, conserver mon équilibre, et entrer dans les habits neufs de mon prochai