Son premier film était déjà une histoire de seconde chance : Donnie Darko, un ado bien aimé mais schizophrène, se voyait donner (par un lapin bipède à face dépecée) l'opportunité de revenir en arrière dans le temps afin d'épargner la mort à ses proches, et l'Apocalypse au reste du monde. Richard Kelly, 31 ans aujourd'hui, 26 à l'époque, a lui-même eu une seconde chance avec Donnie Darko : réduit et remonté pour satisfaire le distributeur, et accueilli avec indifférence (d'autant plus ovni qu'il sortait juste après le 11 septembre 2001), son film a finalement trouvé un public en Angleterre, devenant culte au point de persuader Newmarket Films de le ressortir en 2004. La version director's cut rapporta plus que la précédente.
Cinq ans plus tard, le voici de retour avec une nouvelle histoire de fin du monde annoncée, et en sélection à Cannes d'ores et déjà considérée comme le pari le plus gonflé de l'édition de cette année, vu la bête, son sujet et l'ambition foldingue de son auteur. La question est : nous montrera-t-il comment le monde doit finir ? En faisant boum, promet le press-book. Mais Richard Kelly fera-t-il lui aussi boum à Cannes ?
La laideur de L.A.
Southland Tales était à l'origine un brûlot satirique, dans lequel il dégorgeait son mépris pour la singulière et toxique vulgarité qu'il voyait dans Los Angeles et ses habitants. Même si au final son projet s'est étoffé, il reste peuplé soit de gargouilles, soit de gens à la beauté «télé», autant dire moches comme des caramels gonflables.