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Libération
Critique

La tangente Grégoire Colin

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publié le 17 mai 2006 à 21h15

Depuis Nénette et Boni (1996), de Claire Denis, on guette sa silhouette racée, son nez busqué, ses yeux noirs, si en amande qu'on l'imaginerait d'ascendance asiatique ; au total, une présence quoi qu'il arrive singulière, intrigante (acteur rétif dans Sex Is Comedy de Breillat, légionnaire-sphinx dans Beau Travail de Claire Denis, tueur impulsif dans Inquiétudes de Gilles Bourdos). Dans l'Eclaireur, premier long métrage attachant de Djibril Glissant en forme de relecture de la Féline de Tourneur, où le fantastique visite clandestinement les nuits d'été de Saint-Denis, Grégoire Colin joue un étudiant qui se transmue peu à peu en panthère. Il y diffuse de nouveau ce magnétisme, sans jamais en faire des tonnes. A se demander pourquoi, à 30 ans et bardé d'une trentaine de films, le bel ombrageux n'a pas encore décroché le jackpot ­ il ferait, entre autres, un intéressant rival de Benoît Magimel, lune noire versus roi soleil.

Passion PPP. Dans le café du Xe arrondissement parisien, où il a pris place dans un recoin, Grégoire Colin se révèle moins hermétique qu'attendu, soucieux de précision, mais apte à l'autodérision («Je vous fais confiance pour mettre dans ma bouche une phrase à peu près construite»). Il a au cou un trèfle à quatre feuilles, au menton un bouc, qui accentue la finesse oblongue de ses traits : un indice de Voleurs de chevaux, film sur la rivalité de deux fratries au milieu du XIXe qu'il tourne ces temps-ci sous la direction de Micha Wald. Il avoue avoir la tête u