Avoir deux films à Cannes, entre sections on et off du Festival, ça peut arriver. Mais deux en lice, la même année, pour la palme d'or... c'est un honneur un peu plus rare pour un producteur, qui n'échoit pas forcément aux majors. Pour preuve, le cas de Jean Bréhat, qui grimpera deux fois les marches du Palais, la semaine prochaine, pour accompagner la présentation du Flandres de Bruno Dumont, lundi, et d'Indigènes de Rachid Bouchareb, le jeudi 25. Deux titres aussi attendus que dissemblables, et d'ailleurs produits par des sociétés différentes : 3B pour Flandres, et Tessalit pour Indigènes. Deux entités juridiquement distinctes mais émanant de la même équipe : Jean Bréhat et Rachid Bouchareb, les fondateurs de 3B.
A rebours. Rien ne les prédisposait à s'unir en cinéma. Bouchareb, fils d'immigrés algériens, né en France, élevé à Bobigny, promis à l'usine, s'est bâti tout seul un avenir à rebours de la sociologie ordinaire et des diktats des orienteurs scolaires en s'inscrivant, à 25 ans bien sonnés, au Centre de recherche de l'image et du son. Bréhat, fils d'enseignant, n'avait rêvé, jeune homme, que d'accomplir le tour du monde (pari tenu) avant de devenir prof de maths, au début des années 80, dans des lycées du Val-d'Oise.
C'est l'amitié commune d'un troisième larron, Jean Bigot (le troisième «B», alors chez Hamster), qui les a rapprochés sur le tournage d'un court-métrage de Bouchareb, pour lequel Bréhat, le temps de ses vacances, s'improvise régisseur. A 31 ans, quand d'a