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Libération

Les nouveaux gourous cinéphiles

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Grâce aux partis pris têtus des programmateurs, les films sont restés les vraies stars du Festival.
publié le 17 mai 2006 à 21h15

Le programmateur est devenu le personnage central de la cinéphilie contemporaine, détrônant le critique, qui lui dictait ses goûts il y a vingt ans. Et le prestige conservé, voire restauré, du Festival de Cannes, doit en bonne partie à la puissance grandissante du sélectionneur.

Il y a deux décennies,

quand Canal + envahit la Croisette, on a craint que le festival ne devienne l'esclave de la télé, avec toutes les conséquences irrémédiables que cela pouvait avoir. Il est arrivé quasiment le contraire : pendant quinze jours, la télévision se retrouve peu ou prou obligée de couvrir la manifestation, qui attire des journalistes du monde entier, et d'inviter sur ses plateaux, dans ses directs, des auteurs de cinéma (avec l'exigence que ce terme suppose) qu'elle dédaigne sans vergogne le reste de l'année. On doit cet étonnant phénomène à la qualité des sélections qui se sont succédé sans céder sur l'essentiel. Grosso modo, tout habitué du Festival sait qu'il y verra la dizaine de films qui compteront pour lui dans l'année.

Cette fonction de programmateur-sélectionneur, devenue clé de voûte, à Cannes comme ailleurs, reste méconnue. Raison de plus pour donner la parole aux deux responsables des sélections les plus importantes, Thierry Frémaux, directeur artistique du Festival, et Olivier Père, délégué général de la Quinzaine des réalisateurs. Les deux manifestations sont très différentes (disons que la Quinzaine est le plus petit festival du monde à l'intérieur du plus grand, la Sélect