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Libération
Critique

Loach aux racines de l'IRA

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Aperçu du tournage du «Vent se lève» en Irlande, sur les prémices de la guerre civile, entre 1920 et 1922.
publié le 17 mai 2006 à 21h15

«Silence, on tourne.» Les vitraux de la petite église de Timoleague s'enflamment, le visage du prêtre s'empourpre : «Je ne tolérerai aucun débordement dans mon église !» Dans la foule des fidèles, quelques chahuteurs, dont le jeune Damian, se lèvent et haranguent leurs compatriotes : «Le traité signé par Michael Collins à Londres ne reflète pas la volonté du peuple, mais ses craintes ! Encore une fois, l'église catholique se rallie au camp des riches !» Le jeune homme et ses partisans partent en claquant la porte. «Coupez ! Très bien, on la refait. Pas de pause», décrète Ken Loach, veste de tweed et pantalon de velours, chaussures impeccablement cirées.

Au sud-ouest de Cork, en Irlande, le réalisateur britannique tourne The Wind That Shakes the Barley (le Vent se lève, en compétition à Cannes), écrit par son fidèle scénariste Paul Laverty, auteur de ses cinq derniers films. L'histoire se déroule entre 1920 et 1922 et raconte les destins croisés de deux frères : Damian, interprété par la nouvelle coqueluche au visage d'ange Cillian Murphy, et Teddy, joué par un jeune inconnu à la présence magnétique, l'Irlandais Padraic Delaney. Laverty expose le contexte : «Nationalistes irlandais et britanniques signent le traité anglo-irlandais en juin 1920. Sinn Féin [catholiques républicains, ndlr] se scinde en deux camps. Les milices républicaines, refusant l'accord signé par le père de la révolution irlandaise Michael Collins, commencent alors à agir. C'est le début de la guerre civile.