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Libération
Critique

Allez Lou Ye

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publié le 19 mai 2006 à 21h17

Thierry Frémaux a beaucoup vanté, tout au long des jours qui ont précédé l'ouverture du Festival, le rajeunissement de sa sélection, signe d'une génération qui enfin s'affirme. Sceptique, la critique attendait avant de croire le directeur artistique sur parole. Le premier film de la compétition, Summer Palace, du Chinois Lou Ye, semble avoir été placé là en guise de preuve : il est non seulement beau, voire carrément terrassant par endroits, il est aussi la révision en direct du jugement mou que l'on portait jusqu'alors sur ce cinéaste (lire page 31). Son second long métrage, l'inoffensif Suzhou River, avait été un petit tube indépendant en France au moment de sa sortie, il y a six ans, en pleine vogue du cinéma asiatique. Rien pour autant ne laissait présager une telle capacité, chez ce garçon né en 1965 à Shanghai, à pouvoir en un seul film dresser sans s'emmêler les pinceaux le récit épique de la décennie (1989-2000) qui a métamorphosé la Chine et celui, plus romantique, d'une génération (ceux de Tiananmen) et le portrait intime (entendre sans misogynie) d'une jeune femme et de ses désirs. Sans doute attendait-il... que les choses en lui maturent, et que les expériences vécues à côté de garçons et de filles croisés de près, fréquentés, se mettent à former les lignes brisées d'une histoire : la sienne, la leur.

Tourbillon. Yu Hong, jeune beauté déterminée, obtient en 1988 une bourse pour étudier à Pékin. Cadeau inespéré qui l'autorise tout à la fois à laisser derrière elle