Ken Loach est sans doute le cinéaste sélectionné à Cannes avec la plus grande régularité; si bien qu'il doit maintenant être capable d'appeler chaque commerçant de la rue d'Antibes par son prénom. Maigre compensation pour celui qui a systématiquement manqué la palme (frôlée avec Kes et Sweet Sixteen). Dix-sept ans après Hidden Agenda, qui était déjà regardé comme un film pro-IRA, Loach, lancé depuis des années dans une visite de toutes les révolutions, retourne sur les origines de la guerre entre l'Irlande et l'Angleterre. Il décrit comment, entre 1920 et 1922, les paysans irlandais, maltraités par des sergents anglais sanguinaires, en viennent à prendre les armes. Et comment les trêves signées entre les deux belligérants, pour des intérêts purement politiques, ont déclenché des guerres intestines aux Irlandais, propres à radicaliser le conflit.
Qu'un tel film sorte alors que l'Angleterre et l'IRA ont récemment signé une nouvelle trêve est plutôt provocateur. Loach et sa productrice historique, Rebecca O'Brien, tentent d'ailleurs de calmer les esprits («Ce n'est pas un film antibritannique, espérons que cette fois les réactions seront plus nuancées», dixit le dossier de presse). Mais il y a fort à parier que, dans les pays concernés, le Vent provoque une pluie de commentaires partisans, et globalement peu préoccupés de mise en scène.
De ce côté, Loach continue de mener sa barque de cinéaste concerné, fier, mais une fois de plus trop démonstratif. La première demi-heure laissai