Voilà un joli cas, intéressant et bien tordu, d'ambiguïté arty contemporaine. Princess, film d'animation hybridé à 20 % par de vraies scènes jouées, est un objet plastique fascinant, parfois terriblement audacieux, dont le récit, pour le moins, désarçonne. Avec ses codes graphiques empruntés au manga, sa ligne lisse, son chromatisme mat, ce premier long métrage du jeune dessinateur danois Anders Morgenthaler démontre un soin, une qualité de facture profilés pour séduire, d'autant plus efficaces que le style, les personnages et les ambiances réverbèrent avec ruse les échos poudreux d'une certaine culture teenage, urbaine, téléphage, ludique, tribale, nippophile, etc. Cependant, quelque chose dans Princess trouble rapidement l'adhésion : son obscur discours, son dangereux manque d'intégrité.
Pied-de-biche.
Et pourtant, c'est bien de morale que voudrait nous entretenir Princess, dont l'histoire raconte la vengeance d'une fillette et de son oncle, prêtre, contre la pègre du porno et son caïd, Charlie, responsable de la mort de Christina, leur mère et soeur, star du X overdosée après sa surexploitation commerciale. Dans cette part du film, aussi incontestable que n'importe quelle trame de film noir, Morgenthaler donne son meilleur. Ce n'est pas tous les jours, en effet, que l'on voit sur un grand écran cannois une gamine de 5 ans sauter à la braguette de son oncle choqué ou la même, plus tard, défoncer au pied-de-biche les couilles puis le crâne d'un massif truand.
Mais le verso du