Il faut chercher loin des marches du Palais et descendre tout au fond de la Croisette, à la Semaine de la critique, pour entrapercevoir un premier film allemand à Cannes (avant celui de la Quinzaine, ce samedi). L'année où, justement, la cinématographie allemande est celle qui, de toute la planète, aura donné les signes de renouveau les plus significatifs. Encore raté pour les sélectionneurs officiels ! Ils ont donc laissé passer Pingpong, un premier film qui a de la classe d'un cinéaste de 33 ans grandi à Hambourg, cinéphile, auteur d'une thèse sur Kieslowski.
Pour autant, son style est très éloigné des façons du Polonais, car il y a une modernité malade chez Luthardt, une assurance qui étonne pour un jeune homme qui n'a tourné auparavant qu'un seul documentaire.
Cela ne vient pas seulement de la lumière ultramaîtrisée, ni de l'image très composée ou de la direction d'acteurs, mais davantage sans doute de sa façon très calme de tenir les rênes d'un récit au vitriol, donnant ainsi l'image d'un artiste aussi doué pour le théâtre ou le roman que le cinéma. Il n'est sûrement pas pour rien que son coscénariste, Meike Hauck, soit dramaturge.
Assister à la décomposition programmée d'un microcosme social et de ses règles est manifestement l'occupation principale du film, qui a trouvé en Paul, un gosse de 16 ans venu sans prévenir se reconstruire chez son oncle après le suicide de son père, une sorte de version nordique et clinique de l'ange déstabilisateur de Théorème. La grande villa