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Libération
Critique

Au feu la famille

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publié le 22 mai 2006 à 21h18

Quitte à passer pour un Kaspar Hauser vociférant dans son refuge de haute montagne : oui, les films allemands existent bel et bien. Jawohl, les sélections officielles n'y ont vu que du feu. Après Pingpong de Matthias Luthardt (Semaine de la critique, Libération de samedi), c'est le feu qui roule et brûle dans Sommer 04 de Stefan Krohmer (34 ans). Un feu couvant qui menace de dégénérer en incendie.

Démangée. Une famille nantie passe ses vacances au bord de la mer (nord de l'Allemagne). Le père, André, universitaire, la quarantaine «je veux rester jeune», la mère, Miriam, sa compagne (ils sont modernes), modèle de beauté par les plantes, le fils Nils, ado de son temps (iPod et VTT), et la petite amie de Nils, la blonde Livia, 12 ans à l'état civil mais beaucoup plus mature dans son corps (moulé dans une citation de bikini) sinon «dedans sa tête» (comme le chanta princesse Stéphanie). Quand Livia va agacer la libido d'un bellâtre voisin (Bill), d'environ vingt ans son aîné, la vacance va en être remplie. Il y a un brin de Rohmer (Lolita à la plage) chez ce Krohmer et dans cette chronique d'une bourgeoisie démangée par d'étranges démons dans le slip. Mais un Rohmer sous l'acide lent d'une menace qui ronge aussi bien la stabilité de cette famille que la tranquillité du film.

La manière s'en ressent, qui, apparemment classique, instille quelques plans de nature pas si morte dont l'insistance fait son effet. Ainsi d'un panorama affleurant une plantation de roseaux. Le mouvement est t