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Libération

Le peuple des escabeaux

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publié le 22 mai 2006 à 21h18

Nicole se dépêche. Il faut qu'elle aille au studio de Radio France, Hôtel Martinez. Nicole vient des Ardennes, elle garde des enfants. Un journaliste l'escorte. Quand le vigile les arrête, le journaliste veut lui dire : «Pas de problème, cette femme est avec moi.» Il n'en a pas le temps. Le vigile s'incline devant Nicole. Elle entre comme une princesse. Soudain, le journaliste sent une main sur son épaule. C'est le vigile qui le rattrape. «Vous, en revanche, il faut que je vous fouille.»

Tour de rôle. Hier déjà, trois télés ont interviewé Nicole devant l'escabeau qu'elle a planté sur le terre-plein, en face du Palais, dernier endroit où les spectateurs peuvent voir en vrai les vedettes monter les marches. Sur cette fine bande de terre, il tient une centaine de personnes, pas plus. Pour ne pas perdre leur place, ils restent là, à tour de rôle, le temps du Festival. Un homme demande : «C'est quoi ? Des stars ou des dingues ?»

Il est 17 h 30. L'écran géant s'allume sur le flanc droit du Palais. Nicole a commencé là, elle s'en souvient, à l'époque où Désirée faisait la loi. Elle attribuait les places, chassait ceux qu'elle n'aimait pas. On en avait peur, on l'appelait «la générale» mais quand commençait la montée, elle envoûtait son monde davantage que le présentateur. Pour chaque vedette, elle avait une histoire, débitée d'un ton dramatique. La générale travaillait dans le transport à Boulogne-Billancourt, pas loin des studios de cinéma : c'est là, disait-elle, qu'elle apprenait