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Libération
Critique

Queerément bien

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publié le 22 mai 2006 à 21h18

Une dominatrice fouettant son jeune client, un couple baisant à mort, un type se branlant et s'éjaculant dans la bouche, Shortbus de John Cameron Mitchell (Hedwig and the Angry Inch) avait de quoi réveiller la libido des pingouins endimanchés à la séance de minuit, samedi soir, alors que la Croisette était arpentée par des badauds assoiffés de stupre, excédés de ne pouvoir pénétrer la manifestation.

Double foyer. Shortbus raconte les affres sentimentales et sexuelles d'une demi-douzaine de personnages à New York. Leur QG de partouze et de discussion donne son titre au film, un mixte de boîte de nuit, d'atelier d'artiste et d'ashram queer présidé par un travesti, Justin Bond, légende downtown. La déshérence amoureuse du couple gay James et Jamie, et l'incapacité de Sofia, conseillère en sexualité, à atteindre l'orgasme fournissent au film le double foyer d'où rayonnent personnages secondaires et digressions libres.

Mitchell reconnaît qu'un tel projet n'a pas été facile à financer, notamment parce qu'il reposait sur une représentation explicite et non simulée des actes sexuels. Un site Internet a été ouvert pour recruter les acteurs qui ont participé pendant deux ans à des ateliers, afin de déterminer les éléments du scénario et de profiler leur rôle. Et le musicien Moby a mis de sa poche pour permettre à l'équipe d'être hébergée dans un loft du Lower East Side.

Hymne à éphèbe. Le résultat s'en ressent, ayant à la fois valeur de thérapie et d'exutoire. Le courant alterné du rire