Parfois, le hasard festivalier bat les films de sorte qu'il nous oblige à décoller du bulletin critique. Par exemple, ce coup de dés : Brisseau, Grandperret, Delépine-Kervern. L'attelage de leurs trois films paraît baroque, périlleux, mais c'est là son intérêt : antagonistes dans leur forme ou leur imaginaire, ils disent ensemble quelque chose de neuf sur l'état du cinéma français, dont ils pourraient être le nouveau symptôme, ou l'anticorps, ou le virus...
Saphique au resto. Attendu avec une délectation ambiguë parce qu'il fait suite à un procès trop fameux, le film de Jean-Claude Brisseau administre la plus caressante des gifles à la réputation du cinéaste. Ce dont certaines actrices l'ont accusé (harcèlement sexuel à la faveur de test vidéo), il en a fait la matière des Anges exterminateurs, film-spirale fascinant qui recompose le journal de bord d'un tournage pour lequel un metteur en scène enchaîne les castings de jeunes splendides créatures. Climax du propos et de ses dispositifs montrés-cachés fatals : une inoubliable scène saphique au restaurant. Ce cinéaste (Frédéric van den Driessche) n'est pas Brisseau mais il est à l'affût des mêmes proies : le désir féminin, ou sa feinte ; le plaisir féminin, ou sa simulation. Ce qu'il traque, c'est ce que traquait Hitchcock : l'énigme femme, son point sexuel focal, motif paradigmatique de l'art multimillénaire, y compris pariétal. Que ce soit aussi un alibi éventuel à l'assouvissement du voyeur qui (ne) sommeille (jamais) derriè