C'est une affiche, immense, placardée au dos du Palais avec des photos en guirlande que barre un mot encore plus gros : «Flandres». Dessous, une porte, tentante comme le début d'un jeu de piste : Flandres, c'est le nom du film de Bruno Dumont, très attendu ce soir sur les marches rouges. On rentre ? Tout de suite à droite, «Flandres» claque sur un stand. Derrière le comptoir, Christian de Schutter entame vaillamment la conversation. Assez vite, pourtant, le visiteur a le sentiment de quelque chose qui cloche, mais il faut un bon quart d'heure pour comprendre la méprise. Ici, et c'est sans doute le seul endroit de Cannes où cette géographie-là soit en vigueur, «Flandres» désigne la région flamande de Belgique et pas le film de Dumont, d'ailleurs français et tourné en France.
«Rien à voir». Pour se rattraper on se répand en félicitations : quelle réussite ce «cinéma belge», avec deux palmes aux frères Dardenne et, cette année, Lucas Belvaux en sélection officielle ! Encore raté ! «En Flandres, la palme aux Dardenne on s'en fout, dit Pierre Drouot, du Fonds flamand audiovisuel, nos officiels ne sont pas tentés d'utiliser le vocable "cinéma belge" pour notre production.» La situation devient tout à fait embarrassante : les Flandres représentent bien la moitié du royaume, non ? Gagné, et pourtant pas si simple. «Nous revendiquons une identité culturelle forte, mais circonscrite. Notre problème est politique : on se sent davantage flamand que belge. Ma conviction est que le pays va