«S'il y avait le feu chez vous, qu'est-ce que vous emporteriez ?» Cocteau répondit : «Le feu.» C'est aussi ce qu'on a envie d'emporter au sortir de Ça brûle. Le feu symbolique qui couve dans la vie de Livia, une adolescente d'un village des Bouches-du-Rhône. Le feu réel qui, comme chaque été, volontaire ou impromptu, dévore des hectares de campagne. Entre ces deux feux, c'est logique, surgit un pompier, Jean Susini, qui s'interpose comme la fumée des incendies voile le soleil du Midi, fait la nuit en plein jour. Livia (interprétée par Camille Varenne, sidérante) en pince pour le beau pompier (on la comprend, c'est le très prégnant Gilbert Melki) comme on tombe amoureux à 15 ans : il m'a regardé, il porte une chemise bleue, il m'aime.
Amazone. Cette fable du désir n'aurait qu'un intérêt volatile si Claire Simon ne la faisait baguenauder par bien d'autres chemins. Tout est dans ces traverses. Livia est à peu près située (une mère anglaise et chiante, un père absent et chiant), mais ce qui singularise pleinement la jeune fille, c'est un cheval, son cheval, nommé E.T. Elle le dresse, le flatte, lui parle, le fait boire dans l'eau des piscines, toise le monde et y règne en réincarnation inconsciente de l'amazone. De même pour le pompier. Une fois doté d'un minimum de consistance (marié, père de famille), le personnage devient à nos yeux comme il est dans le regard de sa petite amoureuse : un emblème de virilité plus qu'un homme, une mythologie à lui seul, le soldat du feu.
C'est ce