La meilleure surprise du portrait filmé que Douglas Gordon et Philippe Parreno ont tiré de Zinédine Zidane n'est pas dans l'image mais dans le son. C'est inattendu, parce que le foot, le cinéma, Cannes, le star-system, le business du sport et la pipolisation galopante ont pris l'habitude, pour nous en mettre plein la vue, de négliger l'ouïe.
De plus, Zidane, un portrait du XXIe siècle étant annoncé sous l'angle de la prouesse visuelle, tourné en temps réel à Madrid au cours d'un match de la Liga à l'aide d'une batterie de caméras du dernier high-tech, on pouvait anticiper une débauche iconographique à la gloire du champion. Celui-ci, on le sait, a non seulement oublié d'être moche, mais répond avec un magnétisme exceptionnel à tous les critères de la téléphotogénie contemporaine (jusqu'à l'abus publicitaire). Enfin, il déploie sur le terrain un style dont les esthètes du foot se délectent et qui a fait sa légende. Bref, les conditions étaient réunies pour l'édification d'une cathédrale narcissique éblouissante. Or, pas du tout.
Espace-temps. Le son, dans ce film, domine le montage qui domine l'image. C'est par lui que s'organisent les flux du récit, si l'on peut appeler ainsi l'enregistrement dans des conditions de performance d'un événement sportif dans sa continuité. Là où l'image ne fait que construire de la variété autour d'un motif unique, le joueur Zinédine Zidane sous toutes ses coutures, le son invente des thèmes imprévus. Son brutal des clameurs du stade, lâché en fou