La plus grosse filmographie du Festival, c'est lui. Plus de 1 200 films, montrés à Cannes à l'année dans des cinémas réservés, porno pour tout dire, situés en contrebas de la gare. HPG n'en est pas moins en lice aujourd'hui pour la Caméra d'or, On ne devrait pas exister étant, pour la profession, son premier film entendre sans pornographie. C'est un mouvement de bascule assez original, l'année où tout le cinéma ou presque veut rentrer dans le cul (pas un film sans sa «scène»), HPG n'aspire qu'à en sortir. Mettre au clou son costume de Condoman, être plus entendu que sucé, et affronter, à 39 ans, lui l'histrion X et dingo notoire, une condition «normale», déprimant dur, buvant, se droguant, et du coup ne bandant plus à la demande, donc picolant de plus belle.
Sa prochaine pénétration sera (ou ne sera pas) celle de la famille du cinéma français, pour qu'elle reconnaisse un hardeur comme un acteur, et pour que l'expérience de la «beauté noire» apporte à un cinéma souvent embourgeoisé une dose de vérité. Il faudra à l'ex-paria, lancé en plein paradoxe du comédien, forcer la main, sinon enfoncer la porte, d'un cinéma qui ne lui reconnaît aucune existence. Comme le lui dit l'ex-hardeuse Nina Roberts : «T'es tatoué, il faudra assumer, les prod de tradi ne t'appelleront que pour jouer un rôle de pute ou doubler une scène de viol.» Le film ne raconte que ça : le bâton de pèlerin d'un type qui voudrait apprendre les règles de l'autre monde, où l'hystérie serait moins la norme, où