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Libération
Critique

Iñarritu est dans le tout

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publié le 24 mai 2006 à 21h20

Si Alejandro Gonzales Iñarritu repart bredouille de Cannes, c'est vraiment que le jury a décidé de condamner le brio stylistique, la puissance romanesque et l'ambition décomplexée. Car avec Babel, le cinéaste d'origine mexicaine, révélé en 2000 avec Amours chiennes puis 21 Grammes tourné aux Etats-Unis, hisse d'un cran son système narratif de destins croisés et survole, dans ce panorama tendu, les désordres d'un monde où tout communique mais où personne ne se comprend.

Rébellion. Le film se déploie sur trois spots géographiques très différents : le sud marocain, la zone frontalière Etats-Unis/Mexique, et Tokyo. Des petits gardiens de chèvres dans l'Atlas s'amusent à tirer à la carabine sur différentes cibles, dont un bus de touristes. Une Américaine, Susan (Cate Blanchett), en vacances avec son mari, Richard (Brad Pitt), est touchée à l'épaule. Ils atterrissent dans un bled où le vétérinaire local intervient tandis que les autres touristes à bob et bedaine pestent contre la chaleur et sont persuadés d'avoir été l'objet d'un attentat.

A des milliers de kilomètres, les enfants du couple sont gardés par Amelia (Adriana Barraza), qui décide de les emmener dans sa famille mexicaine pour un mariage. Pendant ce temps, Chieko (Rinko Kikuchi), ado sourde-muette, en rébellion contre son père, veuf depuis un an, essaie de s'amuser dans l'atmosphère électrique des cafés et discothèques tokyoïtes. On découvre que la carabine Winchester du début est en fait un cadeau du père de Chieko, pass