Dans les Flandres, un jeune agriculteur, Demester, se partage entre les travaux de la ferme et sa liaison avec Barbe, une amie d'enfance. Avec d'autres jeunes du coin, il doit bientôt partir à la guerre dans un pays lointain. Flandres, le nouveau film de Bruno Dumont, est construit aussi sèchement que le récit que l'on peut en faire. D'une part la paix, dirait-on, d'autre part la guerre, croit-on. C'est une division franche, y compris esthétique puisqu'on passe visiblement du 35 au 16 mm, d'une France amortie à un Orient tellurique. De plus, le doute est permis : dans quel pays se déroule cette guerre «moderne» ? Irak aujourd'hui, Afghanistan avant-hier ou Algérie autrefois. Si «l'ennemi» ne parlait pas un arabe véhiculaire, ce serait encore plus abstrait. Mais est-il bien certain que la campagne filmée par Dumont soit plus réaliste ? Les Flandres, terre traversée ancestralement par la guerre, sont-elles plus qu'un emblème, un «nom de lieu» à la façon proustienne ? Archétype contre archétype, Bruno Dumont a-t-il voulu suggérer que la guerre n'est pas une spécialité régionale mais un lieu commun mental ? Et la paix est-elle la continuation de la guerre par d'autres moyens ?
Fertile. Le film a une capacité motrice à nous diviser intérieurement quand bien même il tente de faire masse, de s'imposer d'un seul bloc. Il fond sur le spectateur à la façon d'une profération ex cathedra, il entend sidérer et nous faire violence. Mais de quelle violence s'agit-il quand on entend certains