«Du cul ! Du cul ! Du cul !» : ils étaient plusieurs centaines de frustrés, dans l'acception sexuelle du terme, à réclamer leur dû devant les portes closes de la salle déjà pleine de la Semaine de la critique, où une cohue historique s'était pressée pour découvrir Destricted, cocktail (Molotov) de sept films ayant pour thème obligé le sexe et la pornographie.
Sauvage. On entend de nombreuses voix se plaindre d'une trop forte contamination sexuelle du cinéma moderne, mais il faut démentir cette idée reçue : rapportés à l'importance du sexe dans nos vies, les films sont encore loin d'avoir fait le tour de la question. La preuve en est que les figures sexuelles représentées sans fard dans Destricted nous montrent des choses jamais vues, non pas parce qu'elles sont extraordinaires, mais simplement parce qu'elles appartiennent à l'infilmé, cette immense friche à la mesure d'un «continent» freudien que le cinéma, si l'on nous permet, ne tourne pas mais con-tourne. Paradoxe inouï : d'une main, on conspue l'immoralité miséreuse du cinéma X et de son commerce ; de l'autre, on déplore qu'une fraction du cinéma réputé auteur s'engage dans l'exploration du sexe. Notre avis est que la pornographie, prairie sauvage du cinéma, appartient à tous et que si l'industrie du X y prospère seule, c'est parce que les quartiers «nobles» du métier lui laissent la totalité du champ, devenant ainsi complices de sa ghettoïsation. S'il y a au moins une chose dont Destricted atteste, c'est que la pornograp