Wassila traîne l'aspirateur. Le vent balaie le haut des marches rouges, au Palais des Festivals. Elle enclenche le moteur. Wassila adore son boulot. Dans la famille, on l'appelle la «princesse» et encore, elle ne leur dit pas combien elle peut flamber en chaussures ou en chapeaux. Wassila aime la toilette, elle dit que ça change tout. En contrebas, sur la Croisette, des spectateurs lèvent la tête. Quand Wassila débutait, ça lui faisait quelque chose d'être là, accroupie en train de bosser devant tous ces gens qui la regardent. C'était il y a 8 ans, elle reprenait le poste de sa mère. Un jour, l'administration lui a proposé une invitation pour monter le tapis rouge. Wassila a rigolé : «Je suis là pour travailler, je préfère aller au cinéma en dehors du boulot.» Elle retire la prise.
Pieds nus.
Les vigiles se rassemblent sur le côté des marches. Karim a pris le boulot pour Monica Bellucci. Il voulait la voir de près, il se trouve con maintenant. Peut-être qu'il sera gendarme, un jour ? Il est 18 heures. En dix minutes, les vigiles sont débordés. Le cérémonial veut que les invités les plus prestigieux arrivent les derniers. Tout est planifié, chaque vedette sait à côté de quelle autre elle devra s'afficher. Un soir, avant de se déchausser sur les marches, Nicole Kidman a d'abord cherché d'un coup d'oeil auprès d'un homme en costume la permission de monter pieds nus.
Les premiers spectateurs grimpent par des escaliers parallèles, pas par le tapis rouge. Ce sont les places «balcon»,