Ils sont arrivés à l'ouverture du Festival pour détecter les gros coups. Ils ont pris une semaine de «gravier», des films en rafale, des projections en avalanche. Ils ont trouvé ça aride, surtout qu'ils s'étaient couchés tard et plutôt bourrés. Là, ils ont le billet de retour dans la poche et sont devenus très nerveux. A Cannes, dans les stands du Marché du film, parallèle au Festival, c'est le moment où les vendeurs embusqués mettent les acheteurs en joue. Un distributeur espagnol : «On leur sort un ou deux films un peu commerciaux et ils signent en disant merci. N'importe quoi plutôt que rentrer bredouilles.» Tout le monde le sait : ici, les folies se font en deuxième semaine, juste avant la palme d'or.
Quand Jérôme Paillard, le directeur, est arrivé voilà onze ans, c'était un bric-à-brac avec stands porno et attaques de lombrics géants. Depuis 2002, Cannes est devenu le plus gros marché du monde, 4 000 films à vendre, dont la moitié pas terminés. On l'a rebaptisé «Derrière les marches», en référence au tapis rouge.
«Fantasme».
«J'appelle de CAAAANNES, je suis back, je suis au top», hurle un type dans son portable. Un autre : «2 point 5, je répète 2 point 5.» Il parle de millions de dollars. A Santa Monica, Etats-Unis, où le marché n'est pas couplé à un festival, les transactions restent 20 % plus basses qu'ici. «Ici, on sent des vibrations, une excitation spéciale, dit un vendeur italien. Sur un marché télé, le plus gros chèque décroche l'affaire. Ici, pas forcément. On n'es