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Libération
Critique

Le bal dans la peau

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publié le 25 mai 2006 à 21h20

Des films de la compétition, Marie-Antoinette est celui qui part avec le plus lourd handicap. Trop attendu, il a vu l'envie qu'il suscitait se transformer en jalousie. Et comme c'est un film qui donne volontiers la verge pour se faire battre, il fut sifflé hier matin en projo de presse. L'air boudeur des persifleurs était joué avant même de voir la moindre image : infidélité à l'histoire, vanité partout, jeunesse arrogante de beauté et de richesse, la mode comme horizon versaillais et la frivolité comme seule vue sur le parc. Ce retour de bâton avant démarrage fait paradoxalement de Marie-Antoinette le film le plus fragile du Festival. Pauvre petite fille riche.

Somptuosités. Marie-Antoinette conte l'histoire d'une fille qui ne supporterait pas qu'on ne la remarque pas, mais souffre dès qu'on la regarde trop. C'est une vierge. Et comme toutes les vierges, c'est une fille sans histoire. Ce que le scénario de Marie-Antoinette nous dit a déjà été raconté dans Virgin Suicides et son remake Lost in Translation. En voici la suite. Peinte dans une veine inspirée ­ ceux qui se demandent s'il y a du cinéma dans cet ensemble chic de somptuosités royales contempleront les deux scènes d'opéra, spécialité de père en fille.

Mais Sofia Coppola sait peu de chose sur le XVIIIe, s'indignent les pseudo-historiens. Depuis quand les enfants déguisés en cow-boys et en Indiens savent-ils tout de la conquête de l'Ouest ? Car, si Marie-Antoinette est une vierge sans histoire, Marie-Antoinette est tout