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Libération
Critique

Verve au vinaigre

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publié le 25 mai 2006 à 21h20

L'an dernier, le prix Un certain regard revenait à la Mort de Dante Lazarescu de Cristi Puiu, révélation d'un cinéma roumain à l'humour noir très particulier, montrant une société où rien ne fonctionne normalement, séquelles tenaces des années de dictature. A Fost sau n-a fost ?, premier long métrage de Corneliu Porumboiu, participe de cette même verve au vinaigre qui s'installe lentement, avant de se déchaîner pendant les trois derniers quarts d'heure entièrement occupés par la captation live d'un terrifiant débat télévisé, genre de Téléphone sonne fauché sur un thème préoccupant : la révolution de 1989 a-t-elle eu lieu ? Ou pas ? La réponse n'est pas tranchée. Il faudrait encore savoir si les Roumains sont descendus vaillamment dans la rue pour déboulonner le couple Ceaucescu ou s'ils se sont contentés de fanfaronner une fois que les images de leurs procès et exécution furent diffusées à la télé. Le journaliste Jderescu, proprio de la station de télé locale, en tout cas, a décidé de tirer l'affaire au clair avant le soir de Noël.

Il a invité un politicien qui ne donne plus signe de vie et doit se rabattre sur deux zigotos : Manescu, professeur d'histoire, endetté et ivrogne, et pépé Pisconi, retraité veuf dont les lumières sur la révolution de 1989 restent à prouver. L'émission se déroule dans un studio minuscule décoré en fond de plateau par une grande photo de la place de la mairie. Le journaliste attaque sur la manière dont Manescu a vécu les événements du renversement d