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Libération
Critique

«Indigènes», pour le geste

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publié le 26 mai 2006 à 21h21

Si l'on s'en tenait strictement à la qualité du film, de sa mise en scène et de son scénario, il n'est pas sûr qu'Indigènes ferait autant parler de lui. Ce qui justifie l'attention médiatique qui lui a été portée depuis son tournage et explique aussi sa présence en Sélection officielle cannoise, c'est son sujet et, partant, son casting.

Cimetière. Nul ne devrait plus ignorer que le film de Rachid Bouchareb raconte le destin de quatre jeunes Algériens, engagés volontaires dans l'armée française (d'Afrique) en 1943 pour délivrer la «mère patrie» du joug nazi. Ils vont découvrir tout à la fois un pays (la France) un peuple (notamment les femmes) et la guerre, au cours de laquelle ils démontreront la bravoure et le courage, aussi admirables que convenus, que le registre héroïque suppose. Des montagnes algériennes à celles des Vosges, de l'Italie à l'Alsace en passant par la Provence et en finissant au cimetière, le bataillon d'infanterie où les quatre personnages nouent une indéfectible amitié va traverser d'un même mouvement et la grande histoire et les apparences.

Oui, c'est vrai, il y a quelque chose de symboliquement fort et émouvant dans la construction d'un casting et d'une affiche dont quatre noms arabes se partagent, enfin, la tête. Et le quatuor imaginé par Bouchareb, qui attelle Sami Bouajila, Roschdy Zem, Jamel Debbouze et Sami Nacéri, constitue sans doute le principal intérêt d'Indigènes : ils y jouent chacun une honnête partition tout en laissant ensemble entrevoir la