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Libération
Portrait

Radicalement autre.

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Bruno Dumont, réalisateur de «Flandres», en compétition.
publié le 26 mai 2006 à 21h21

Rencontrer Bruno Dumont au saut du lit, on a déjà vu perspective plus affriolante. Dumont, cinéaste-démiurge, ex-prof de philo, auteur de films au radicalisme marmoréen, qu'on se prend de plein fouet plus qu'on ne les aime, pas plus tard que ce Flandres à hommes et femmes qui hurlent et pleurent ; eux qui tuent et violent, elles qui écartent les jambes pour les soulager, en gardant les yeux ouverts comme dans la seule attente que ça se finisse. Bref, on s'était dit : ça va tourner soit au cauchemar (le mutisme), soit au cauchemar (la leçon).

«Régénérer le spectateur». Bruno Dumont arrive en sandalettes de cuir brun, validation anxiogène de l'hypothèse «moine» ­ l'ascète plongé dans des abysses de méditation. Après tout, l'homme élancé aux yeux bleu délavé a aussi à son crédit la Vie de Jésus (1997), l'Humanité (1999) et Twentynine Palms (2003), pas franchement des sommets de coolitude, plutôt des chemins de croix. Des films terroristes ? «Je ne suis pas un provocateur, objecte-t-il de sa voix douce. Là, le sujet, c'est la guerre, et la guerre, c'est violent, non ? Toutes les scènes sont issues de récits que j'ai lus, d'images que j'ai vues, en photo ou à la télévision. Le problème, c'est que la télévision, maintenant, on s'en fout, tout est déréalisé, donc il faut régénérer le spectateur, le resensibiliser. Quitte à lui donner une claque» Plus tard, il parlera de cette comédie italienne «où des mecs attendent sur un quai de gare, le train s'en va, et ils filent des claques à