A Cannes, Dans Paris n'est pas en compétition officielle. Honneur à la Quinzaine de l'avoir sélectionné. Déshonneur de la compétition officielle de ne pas l'avoir ni vu, ni connu, ni entendu. Pourtant, qui voudra avoir une idée de ce qu'est un film français moderne, incarné, aura tout intérêt à s'y ruer. Christophe Honoré, écrivain, de livres pour enfants et de romans, ancien critique (une passion pour Demy ou Truffaut), a déjà réalisé deux films graves (17 fois Cécile Cassard et Ma mère). Dans Paris a été écrit, produit, réalisé et monté en six mois. Cette célérité lui a visiblement permis de s'affranchir. Pourtant, les références sont là, et non des moindres : la Nouvelle Vague pour l'aspect Bande à part de Godard d'un film tourné en bande, à part, en appart', dans Paris. Mais aussi le patrimoine de ce qu'il était convenu d'appeler, au mitan des années 60, le «jeune cinéma» (Eustache surtout, ou encore Iosselliani). Et Jacques Demy, for ever and ever. Mais ce qui est à l'oeuvre ici est plutôt un art du prélèvement amoureux que de la citation contrite.
Camouflage. Deux frères, Paul (Romain Duris) et Jonathan (Louis Garrel), en campement dans l'appartement de leur père (Guy Marchand), quelques jours avant Noël 2005. Paul ne va pas très bien, c'est son frère qui nous l'apprend par une apostrophe à la caméra. Ce clin d'oeil appuyé pourrait passer pour une ruse de scénariste. Or, pas du tout. Car Jonathan, à moins qu'il ne s'agisse de Louis Garrel en personne, nous prévient que,