Les marches rouges ? Marre des marches. La Croisette ? Marre de la Croisette. Les stars ? Marre des stars. Surtout les stars. Jennifer dit que dans Cannes, «il y en a partout». Elle vient encore de voir Sharon Stone à côté du McDo, sur le vieux port, «exactement comme je vous vois là. Gavant, non ?» Elle en «croise même pendant les heures de boulot». Jennifer travaille dans l'hôtellerie. Pour être embauchée, elle a montré son «casier judiciaire et ses dents. Ils disent que des dents pourries, ça fait louche».
«Coiffeur». La mairie offre des places aux habitants pour les projections. Maurice se renseigne, soupçonneux : «C'est pour un film chinois à minuit ?» Martine veut monter les marches «aux heures de grande écoute, comme tout le monde». On lui donne une invitation pour le jour même : «Je ne peux que demain : je n'ai pas eu de rendez-vous chez le coiffeur avant.» Marie-Mireille s'exclame qu'elle déserte la Croisette jusqu'à la palme d'or. Là, elle est sur la Croisette, appareil photo braqué sur le studio Canal +. «Euh, un hasard.»
Dans son bureau de président du Palais des Festivals, David Lisnard termine son blog et lutte contre «la schizophrénie» des Cannois pendant le Festival. Maintenant, il adore. «Moi aussi, avant d'être à ce poste, je disais comme tout le monde : "Pour deux semaines, je pars au Pré Saint-Vallier."»
Ce nom, rien que lui, tire des sanglots aux vieilles familles. Dans la mythologie locale, Saint-Vallier, c'est l'anti-Croisette, un village derrière Grasse,