Menu
Libération
Critique

Voix de garage.

Article réservé aux abonnés
publié le 27 mai 2006 à 21h22

Au bout du rouleau cannois, la choucroute en vrac, le costume élimé, une minerve pour maintenir la tête d'aplomb, on peut s'attendre à tout mais certainement pas à une projection de presse matinale qui tourne à la kermesse avec des accrédités tapant dans leurs mains en rythme tandis que Gérard Depardieu au générique de fin fait sa cover du tube Quand j'étais chanteur de Delpech : «Ma pauvre Cécile, j'ai soixante-treize ans...» A quand les majorettes ? Où est-on, là ? Chez Drucker, à la communion du petit, au Genêt d'Or ? C'est l'heure de la distribution de médicaments.

En déroute. Après Backstage, Podium, Jean-Philippe, le film de Xavier Giannoli (révélé avec les Corps impatients) propose la suite des aventures de la figure du chanteur français dans notre cinéma en déroute, prolongeant ce que l'on n'aura pas l'audace de qualifier de «réflexion» sur la célébrité, l'échec et la pipolisation de l'espace public. Dans Jean-Philippe, Johnny Hallyday est resté Jean-Philippe Smet ; il a raté le coche de la gloire, un jour d'accident de moto dans les années 60, et a acheté un bowling, ne gardant de la star qu'il aurait pu ou dû être que les cheveux teints et les vestes à franges. Ici, cousin de province du brave Jean-Philippe, Depardieu, en roue libre mezzo voce, est Alain Moreau, un crooner de bal qui a fait carrière à Clermont-Ferrand. Le ton du film n'est pas moqueur, Moreau n'est pas un naufragé du show-biz pataugeant à perdre haleine dans plusieurs piscines d'amertume. Il estime