A l'heure des valises (sous les yeux), du retour (à la case départ) et des bilans (travail, amour, santé...), Cannes 2006 n'est déjà plus qu'un souvenir dans la masse confuse de tout ce qu'il faut bien se résoudre à oublier. Entre «c'est passé si vite» et «j'ai l'impression d'être là depuis quatorze ans», la parenthèse festivalière déréalisante, ourlée de parties et de gueules de bois, se referme sur un sentiment de mélancolie mitigée. Pourtant, le vol plané au-dessus de la production ciné mondiale permet de repérer les zones de croisements et les glissements de terrain, d'entrevoir tendances et perspectives. Revue de (quelques) détails tombés des écrans.
Peurs paniques et apocalypse.
La forte imprégnation des événements du 11 septembre 2001, leurs effets sur la politique intérieure américaine et leurs répercussions sur le champ global des conflits planétaires, se sont fait cette année encore fortement ressentir. Dans Southland Tales, Richard Kelly imagine une Amérique 2008 postatomique rongée par la paranoïa, développant un espace public militarisé et un univers domestique hanté par le porno et la junk culture. Baudrillard, Ballard, Pynchon, K. Dick et Vonnegut en guise d'arrière-plan, Kelly a fait «boum» et les sourds du Festival n'ont rien entendu. La guerre en Irak informe aussi Flandres de Bruno Dumont (Grand Prix) avec ses soldats dans un désert brûlant, dont la ligne d'horizon est ponctuée de torchères de puits de pétrole. Dans Vol 93, Paul Greengrass p