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Libération
Critique

Tony Gatlif, moteur nomade.

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publié le 29 mai 2006 à 21h23

Transylvania est un Gatlif bon cru ­ avec ce que cela sous-entend de lyrisme lâché, d'images inspirées, d'hystérie positive, d'ivresse. Il ne serait que ça, ce serait très bien, même si un peu trop prévisible pour surprendre. Mais voilà, Transylvania se détache du reste de la filmographie farouchement gypsy de l'auteur de Gadjo dilo dans sa façon de réinventer sans cesse, faisant passer son récit de mains en mains, à la façon d'un bâton de relais. Marie (Amira Casar) part en Roumanie aider Zingarina (Asia Argento) à retrouver un homme qui ne l'aime pas. Zingarina erre sur les routes, se fait roumaine, transylvaine, pour retrouver l'homme qu'elle aime à travers cette terre. En chemin, elle donne la main à Tchangalo (Birol Ünel), à la fois voleur de poules et silhouette romantique éternelle du voyageur solitaire.

Donner la main, passer la main : il y a quelque chose de la tradition orale, du griot, dans les chemins multiples qu'emprunte le film. Qu'importe si, parfois, il laisse quelques séquences (moulinant à vide) sur le bas-côté de sa route. Gatlif a toujours fonctionné ainsi, à l'excès, il ne se réfrénera jamais pour atteindre le but qu'il s'est donné. Ce qu'il demande à ses acteurs, à ses musiciens, il se l'impose à lui même : donnant tout. Et le spectateur est logé à la même enseigne que les personnages. Le film, c'est nous tous ensemble qui le faisons. C'est pour cela, sans doute par envie de donner tout à chacun et par goût d'entendre ce que chacun a à dire, que le film